Orienteuse d'origine, je suis ravie de démarrer cette nouvelle rubrique avec Céline Dodin, notre Championne de Course d'Orientation en France. Dans le petit monde de la CO, tous les orienteurs connaissent son aisance sur les terrains techniques et sa vitesse de croisière (une vraie fusée !). De renommée internationale en course d'orientation, elle commence aussi à se faire connaître en trail et dans les raids multisport. Je vous invite donc à la (re)découvrir, elle nous parle de ses expériences, sa carrière d'orienteuse et elle revient même sur sa très belle victoire à la Diagonale des Fous.
Bonne lecture...
Donc moi c’est Céline…
Je viens d’une petite
station de ski des Vosges. J’ai débuté la CO au collège grâce à une amie,
Yolande, avec qui je testais tous les sports possibles et imaginables dès que
la neige disparaissait du paysage. Mes hivers étaient bien entendu consacrés au
ski alpin. J’étais sur les pistes mardi soir, mercredi, vendredi soir, samedi,
dimanche alors cela ne laissait pas trop de place au reste dans les périodes
froides. Elle a pris le temps de m’expliquer sur la première course qu’on a
faite ensemble en UNSS, j’ai adoré… ensuite on a monté une équipe pour les
championnats d’académie, qu’on a gagnés. C’était parti, j’avais trouvé mon
sport, ne plus seulement courir mais avoir ce petit plus qui fait la différence :
lire la carte, tracer son propre chemin
dans la nature pour trouver des balises, se surpasser, gérer seul sa
course dans la forêt sans confrontation directe avec les autres et en ne
comptant que sur soi.
J’ai commencé mes
petites courses du WE comme tout le monde… ma première course
« nationale » s’est déroulée au mieux puisque j’ai terminé 2ème !
Et puis un jour, vers
18 ans… j’ai été intégrée à l’équipe de France B, suite à des résultats de
courses. J’ai participé à mes premières courses de sélections pour les
Championnats du Monde dans les cheires de Volvic et de Côme en 2001… choc
violent vu la technicité du terrain, mais je m’en suis bien sortie et j’ai
participé à mon premier stage d’entraînement Equipe de France A. J’ai donc fait
mes premières compétitions Equipe de France fin 2001 en Roumanie avec la coupe
des Pays Latins. En 2002 je faisais mes premières coupes du monde et 2003 mon
premier Championnat du Monde.
Depuis, j’ai été
plusieurs fois Championne de France, et mes meilleurs résultats en
international sont 7ème aux Championnats du Monde de Longue Distance
en 2010, 8ème aux Championnats d’Europe de Sprint en 2010 et 18ème
aux World Games en 2005.
Et en dehors de ça je fais aussi un peu de trail
et de raid multisports.
Merci… mais il ne faut
pas…
Quand j’ai commencé
mon 1er job, je ne savais pas comment je pourrais concilier tout ça…
mais bien obligée de travailler, il faut bien gagner sa vie !
J’ai été embauchée, en
parlant de ma passion à l’entretien d’embauche. J’ai eu un premier chef qui a
compris les valeurs que pouvait avoir un sportif de Haut-Niveau et la variété
qu’il pouvait apporter dans le groupe. Et par chance pour moi, il avait
également compris que c’était maintenant qu’il fallait que je le vive. On a
trouvé une solution pour que je puisse avoir des jours de détachement pour
partir en stages et compétitions, via une Convention d’Insertion
Professionnelle mise en place après ma période d’essai.
J’ai changé ensuite 2
fois d’entreprise et nous avons toujours remis en place ce système pour avoir
des disponibilités pour le sport. Depuis 2 ans, je suis à ERDF-GrDF, où le
système est un peu différent avec des jours de congés supplémentaires dès lors
que j’ai une qualification au Championnat de France et au Championnat du Monde
ou Coupe du Monde.
Du coup, cela donne
une vie bien remplie… et un planning bien rythmé ! Notamment pour gérer
l’entraînement quotidien en période chargée professionnellement.
Avec mon travail, je
peux moins faire de volume que les autres, je ne peux pas faire de CO en
semaine, du coup on a construit avec mon entraîneur, Marie-Violaine PALCAU, une
gestion de l’entraînement qui colle avec toutes ces contraintes et aussi mes
envies pour être la plus performante possible.
Je dis mes envies
parce que c’est très important pour moi de garder en parallèle de tout ça des
moments où je fais autre chose, d’autres sports que j’adore, ski, raid multi,
trail, voile, escalade, danse, rando… Le bien être et la performance, c’est un
subtil mélange vie sportive – vie privée – vie professionnelle qu’il ne faut
pas oublier.
Le plus gros sacrifice ? Le haut-niveau
comme une passion ou comme une vie en couple d’ailleurs, c’est faire des
concessions sur ses envies et sa vie, que l’on accepte pour vivre ça parce que
ça en vaut la peine. Je dirais que si je sens que quelquechose devient un
sacrifice, j’arrêterai le haut-niveau, c’est que je n’y trouverai plus mon
compte.
Sur
une semaine classique d’entraînement où je travaille, je fractionne le mardi et
le jeudi, le lundi je suis en récup et le mercredi sur un footing long. Le WE
j’essaie de faire le plus possible de CO, sinon sorties longues en VTT ou
course.
Le
volume hebdomadaire du coup n’est pas très important puisque j’ai un travail
assez prenant : 6 à 11h maxi, je suis déjà montée une fois à 14h en stage
équipe de France, mais cela reste exceptionnel.
Sur
la planification annuelle Equipe de France, nous avons plusieurs stages de
regroupement sur l’année : à peu près 8 à 10 WE d’entraînement en France
en hiver, un stage hivernal d’1 semaine en février, 1 stage de printemps d’une
semaine, 1 stage pré-championnats du monde 15 jours avant le championnat du
monde, et 1 stage de préparation au chpt du monde de l’année N+1 en septembre.
Pour
agrémenter tout ça, je fais des courses en France et à l’international en
fonction de mes échéances et de la préparation que j’ai planifiée.
Comme
je l’ai dit plus haut, j’ai un entraîneur, Marie-Violaine PALCAU, qui me suit
depuis 2005 à distance. Je m’entraîne la plupart du temps seule, mes horaires
n’étant pas très fixes en semaine. Ça fait du bien de s’entraîner en groupe de
temps en temps mais ce n’est pas toujours possible malheureusement.
Les
« devoirs », c’est avant tout s’entrainer le mieux possible pour être
le meilleur possible, pour pouvoir représenter la France et faire des résultats
aux différentes compétitions internationales.
On a
l’opportunité et la chance d’avoir des stages de qualité sur des terrains
variés et intéressants sur des WE proposés par la Direction Technique de la
FFCO tout l’hiver, je pense que c’est important d’y aller.
Après,
on doit aller aux courses de sélections, et participer aux stages et
compétitions auxquels on est qualifié.
En
fait, je l’ai fait par hasard, juste parce que j’avais envie d’aller et de
découvrir La Réunion… et que j’ai raccroché un groupe de copains qui allaient
faire la Diagonale des Fous. Je me suis inscrite sur la Mascareignes sans
vraiment y croire au début, juste pour dire que j’étais inscrite mais en étant
dans ma tête pas prête du tout à parcourir cette distance.
Une
fois la saison de CO passée, en juillet, je suis partie quelques jours en
vacances dans l’Ubaye avec des copains qui préparaient « Raid In
France ». Je me suis rendue compte que j’étais capable de faire des
entraînements longs avec eux, de 4 à 8h sans avoir de souci particulier. Dans
la foulée j’ai fait un trail de 30km, que j’ai gagné. Ça a été le déclic, et je
me suis dit que j’étais peut-être capable de faire les 65km et 3300m de
dénivelée + de la Mascareignes … et effectivement, j’en ai été capable !!
Ma
chance en 2012 a été que la saison internationale de CO a été condensée sur la
première partie de l’année, elle s’est terminée pour moi après les Championnats
du Monde en juillet.
Après,
j’en ai profité pour aller un peu en montagne en août, faire 1 trail de 30 km,
et 2 raids multisports en septembre : le raid Lozère Sport Nature et le
Raid GDF-Suez. J’ai essayé de faire des sorties un peu plus longue le WE en
VTT.
Le
départ était à 4h le matin, donc de nuit. Difficile de dormir trop avant, j’ai
essayé mais sans trop de succès, il fallait transiter jusqu’au cirque de
Salazie et ça prenait du temps depuis St-Gilles.
La première
partie était en côte sur route avant de raccrocher un single track plein de
boue et de racines en descente : je savais donc qu’il fallait que je parte
vite pour éviter d’avoir trop de monde devant dans cette descente, parce qu’un
orienteur ça descend bien normalement… Et effectivement j’ai doublé pas mal de
monde dans la descente !
Ensuite
les km ont défilé. Une difficulté du parcours était la montée de Dos d’Ane, à
1/3 du parcours, qui s’est très bien passée pour moi. Mes difficultés à moi ont
été toutes autres, puisque je me suis perdue 2 fois sur le parcours (ballot
pour une orienteuse… ;-) ), la première fois en haut de Dos d’Ane avec un
gros coup de stress du coup et une belle hypo juste derrière. Je me suis
accrochée ensuite pour rejoindre La Possession, mais là effectivement j’ai eu
un gros moment de doute.
Ma
deuxième difficulté a été que je ne connaissais pas les réactions de mon corps
à ne manger que du sucré et du liquide sur 8h de course… et maintenant je peux
dire que ça m’a fait des grosses crampes au ventre, et alors que mes jambes
auraient bien aimé courir, le ventre disait le contraire et j’ai dû marcher une
bonne partie sur la dernière côte avant d’arriver à Colorado, et de me perdre
pour la 2ème fois... Du coup, juste après, j’avais à cœur de
maintenir ma place pour les quelques km qui me restaient jusqu’au stade de la
redoute… Une bonne descente bien technique que j’ai bien appréciée !
Sinon,
l’ambiance entre coureurs : plutôt sympa, avec pas mal d’encouragements
entre nous, mais je n’ai réellement eu l’opportunité de discuter avec quelqu’un
que dans la descente vers la rivière des galets, le reste du temps j’étais
toute seule…
Ce
qui m’a marqué : les paysages, l’ambiance autour de cet événement qui est
la fête de l’île, la sympathie et l’enthousiasme des gens et des coureurs, le
dévouement et la sympathie des bénévoles du team EDF.
Mais
aussi de voir sur la Diagonale des Fous que j’ai pu suivre sur la fin tous ces
coureurs blessés, démontés, fatigués qui s’accrochaient pour finir coûte que
coûte la course de leur vie.
Bonne
question… Je ne sais pas encore, mais il y a bien un moment effectivement où je
vais penser à arrêter le haut niveau en CO, je ne sais pas quand. Cela ne
voudra pas dire que je ne continuerai pas à faire de la CO !
Et
puis il y a le raid multisports aussi… et le trail…
On va
dire que je vis chaque saison à 200%, et que je me pose la question de la
saison prochaine en fin d’année à chaque fois, je n’ai pas de plan pour
l’instant, il y a beaucoup de choses qui peuvent entrer en compte.
Sortir
des sentiers battus… choisir son propre itinéraire en fonction de ses forces…
découvrir des endroits magnifiques où les sentiers ne nous emmèneraient pas, et
pimenter une simple course avec des choix, de la réflexion, la joie de réaliser
des itinéraires et trouver les balises l’une après l’autre !
Oui… parce que
c’est toujours important de leur faire un petit clin d’œil : un grand
MERCI à Altecsport et AirXtrem qui me suivent maintenant depuis plusieurs
années… Grâce à eux, je dispose d’un matériel de qualité qui permet la
performance !
Merci Céline d'avoir pris le temps de répondre à mes questions, je te souhaite une très belle suite dans ta carrière sportive et surtout de réaliser tous tes rêves !
Son blog : http://www.wmaker.net/celinedodin/
Joli portrait... Je pense qu'un jour je me laisserai tenter... Dnas notre Jura, on a un certain François Gonon, ça te dis quelque chose? Si toi tu ne connais pas, je suis certainque Céline le connaît bien!
RépondreSupprimerOF COURSE que je connais François Gonon !! Pas personnellement bien sur, mais je fais de la CO depuis toute petite, et puis étant belfortaine d'origine, et mon papa éducateur sportif qui se déplace énormément dans le Jura, ben je ne peux que le connaître !! Tu habites ou d'ailleurs dans le Jura ? Mon petit coin de paradis là-bas c'est Chapelle des bois :-) Il y a même une super carte de CO juste à côté, dans le bois où il y a les pistes de fond.
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