Une vraie nuit dans un vrai refuge ! Des ronfleurs, un poêle à approvisionner, une nuit fraîche où il fait bon être emmitouflé dans son sac de couchage et un réveil courbaturé mais heureux. En se levant, et en passant la tête par le hublot du dortoir, ce sont de merveilleuses couleurs que nous voyons déjà. Une belle journée s'annonce, et ça, ça émoustille nos gambettes de randonneuses !
Le GR du tour du Beaufortain descend classiquement aux chalets de la Raja pour rejoindre une courte mais sans intérêt portion de route goudronnée. Nous, nous choisissons l'alternative, évidente selon moi, qui suit la crête des Gittes. Une variante un peu plus longue mais tellement plus belle ! Cette crête restera gravée dans ma mémoire et le panorama qu'elle m'a offerte reste l'un des plus beaux que j'ai pu voir jusqu'à maintenant.
Pour éviter de trop rallonger l'étape, et étant donné nos capacités en orientation, nous avons pris l'initiative de "couper" pour rejoindre le Cormet de Roselend. Pour cela, au point 2413m sur la carte IGN nous sommes descendu à flan pour rejoindre le chemin en contre bas. Cela nous a fait gagner quelques dizaines de minutes et vu ce qui nous attend, ce n'est pas de trop.
Proposez du pain, du fromage et du saucisson sur un GR et hop vous verrez vite votre stock partir au fur et à mesure des rencontres avec les randonneurs... Après 4 jours de randonnée, et sans vraiment de possibilité de se ravitailler pour les pique-niques du midi, nous avons été ravies de découvrir un petit étalage de victuailles ici au col. De quoi faire un excellent casse-croûte un peu plus tard !
Jusqu'à maintenant, le profil était plutôt descendant. Pas de difficulté majeure, une météo plus qu'exceptionnelle, un panorama entièrement constitué d'alpages et de sommets enneigés. Une nature époustouflante à perte de vue. Pas une ombre au tableau. Ou presque.
Des nuages inquiétants arrivent droit sur nous alors que nous attaquons seulement la longue ascension jusqu'au col du Grand Fond par la combe de la Neuva. Col que nous savons enneigé. Mais il n'y a pas que le col d'enneigé ! La combe est elle aussi recouverte de neige, de glace et surtout de petits glaciers à la stabilité incertaine qui recouvrent des torrents plus ou moins importants.
Il faut s'adapter. Nous suivons à vue le sentier et essayons de trouver les traces les plus sures possibles pour ne pas tomber à l'eau. Pas toujours évident, et il faut régulièrement traverser des torrents. Nous mettons ainsi plus de temps que prévu sur cette étape qui nous paraissait pourtant courte sur le papier...
Nous nous arrêtons faire une pause, pour profiter des derniers rayons de soleil et pour reprendre des forces avant de nous engager plus loin. L'endroit, malgré nos petites péripéties, reste sublime. Et nous ne croisons presque personne.
2000m d'altitude, 2200m, 2300m... la pente s'intensifie et, comme si cela ne suffisait pas, les marques du GR sont introuvables. Plus loin, devant nous, des randonneurs engagés dans un névé que nous trouvons très dangereux, tant par sa raideur que par les souvenirs d'avalanches qu'il montre. Même si le sentier monte classiquement par la droite au fond de cette combe, des petits drapeaux marquent une hypothétique trace par la gauche et celle-ci nous semble beaucoup moins dangereuse. Après réflexion, nous décidons de suivre ces drapeaux. S'ils sont là, ce n'est sans doute pas pour rien. Une variante du GR tracée ici jusqu'à ce que la neige disparaisse sans doute.
La pente devient tout de même bien raide, et notre souffle plus court ; nous dépassons les 2400m, c'est tellement difficile d'enchaîner les pas dans cette neige. 2500m, 2600m... 2671m nous voilà ENFIN arrivées au col ! Je pense que ça a été l'ascension la plus difficile de l'aventure jusqu'à présent. Reste encore à descendre... sur les fesses s'il le faut, jusqu'au refuge de Presset qui est un peu plus bas.
Nous y sommes ! Après 16km d'effort (mais 25 au moins nous disent nos jambes), nous entrons dans ce mythique refuge au pied de la Pierra Menta. Et quel refuge ! Rénové, extrêmement bien tenu, tout en bois, très moderne et éco-responsable. Le genre de refuge où l'on passerait bien toute la semaine...
A peine le temps de s'installer dans notre chambre qu'aux fenêtres apparaissent, sans bruit, des dizaines (oui des dizaines) de bouquetins ! Tout le monde est aux fenêtres, à admirer ce spectacle qui nous laisse sans voix. La soirée se déroulera à l'identique, avec malgré tout une petite sensation de "bientôt fini" qui commence à émerger dans nos esprits. Plus que deux jours avant de retrouver nos vies. Mais en a-ton vraiment envie ?
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