Trail&CO

dimanche 1 novembre 2020

Les Hospitaliers en OFF : le Trail d'après ?

 

VERS UN TRAIL D'APRES ?

Une trace enregistrée sur sa montre, un sentier rien que pour soi, des amis ravitailleurs, une ligne d'arrivée fictive, de la motivation, du courage, beaucoup d'autonomie. Et si c'était ça le trail d'après ? L'après d'une crise sanitaire sévère, imprévisible, sournoise. L'après qui rime avec adaptation et résilience. L'après qui redéfinit des pratiques sportives. L'après qui révèle l'importance même des mots liberté, plaisir, rencontres. L'après qui nous indique parfois une autre voie, une autre direction, un autre horizon. L'après qui nous rappelle ce qu'on aime et ce qui nous a amené à choisir cette discipline plutôt qu'une autre. Avez-vous choisi le trail-running pour les dossards chaque week-ends ? Ou pour ce sentiment de liberté quand vous foulez les pierres ou la terre de votre sentier favori ? Avez-vous choisi le trail-running pour les ravitaillements des courses ? Ou pour cet encas pris vite fait avant votre sortie et qui prend une toute autre saveur quand il est dégusté en haut de ce sommet que vous avez l'habitude de gravir ?

Et si cet après nous ramenait tout simplement à l'essence même de notre sport ?

 

LES HOSPITALIERS EN OFF

Après le Festival des Templiers, c'est au tour des Hospitaliers d'annuler leur évènement 2020. Une bien triste nouvelle, surtout et en premier lieu pour les organisateurs et les bénévoles qui s'investissent sans relâche chaque année pour faire vivre aux coureurs une aventure riche en émotions. Mais ça n'a pas arrêté les valeureux coureurs du Saint Mathieu Athlétic qui, malgré l'annulation, se sont tout de même lancés à l'assaut de ce parcours aux couleurs chatoyantes.

Leur défi ? Tenter de boucler les 75km du parcours de manière (presque) autonome, entre 6h et 21h, par petits groupes. Mon cher et tendre faisant partie de l'expédition, je n'allais pas passer mon dimanche à la maison. Quelques courses, chargement de l'Aquilon (notre van) et c'est parti pour l'Aveyron !


Dimanche 25 octobre, 6h10 à Saint Jean du Bruel
En limite du Gard et de l'Aveyron, le village de Saint-Jean-du-Bruel, traversé par la Dourbie, constitue une petite enclave cévenole en terre aveyronnaise. Les châtaigneraies en témoignent ainsi que les plus anciennes bâtisses. Le temple et l'église rappellent le temps des guerres de religion entre catholiques et protestants. Un fort patrimoine naturel et historique donc, où nos valeureux coureurs s'élancent en ce dimanche matin d'octobre.

Masques et distanciation n'enlèvent rien à la convivialité du moment, nous sommes heureux de nous retrouver et impatients d'aller explorer les sentiers de cette superbe nature aveyronnaise. Frontales sur la tête, les gambettes qui sautillent pour s'échauffer : ça y est, les coureurs sont prêts. Prêts à s'élancer. Le stress est un peu plus palpable qu'au début d'une sortie longue, pourtant c'est bien ce que c'est : un "OFF", une sorte de sortie (très) longue qui requiert autonomie et responsabilité quant au ravitaillement, à l'orientation et à la sécurité. Heureusement, chaque groupe est rondement bien encadré par un de nos coachs ! Et puis les ravitailleurs, dont je fais partie, sont là au besoin.

La croix du prisonnier. Le soleil se lève à peine, nous sommes légèrement au dessus d'une mer de nuage qui recouvre le fond de vallée. Les coureurs arrivent les uns après les autres, frontales toujours allumées. Il fait frais pour moi mais pour eux, c'est tout juste la bonne température pour s'échauffer et... se préparer à monter au Saint Guiral qui culmine à 1337m !
LA LEGENDE DES TROIS ERMITES
Les habitants racontent cette légende de génération en génération. Trois frères étaient épris de la même jeune femme. Mais la belle Irène, dans son château bâti sur le pic de l’Hortus, ne savait qui choisir. Elle leur demanda de partir en croisade et elle épouserait le plus courageux des trois. Les années passèrent. Les trois brillants chevaliers rentraient enfin. Mais ils tombèrent nez à nez avecun cortège funéraire qui conduisait Irène dans sa dernière demeure. Loup, Alban et Guiral décidèrent alors de se consacrer à la foi en ermite, chacun depuis un sommet de la région. C’est en leur nom que les populations auraient désigné ces montagnes pic Saint-Loup, mont Guiral et puech Saint-Alban.

Une fois les coureurs passés, nous plions bagage et direction Dourbies. Sur la route, je m'émerveille de la couleur que revête la nature en ce moment... des teintes chatoyantes mises valeur par un soleil levant. Qu'une seule envie : m'arrêter et prendre des photos pour immortaliser ce moment ! Surtout qu'à ce moment précis je ne savais pas encore que nous allions être confinés quelques jours après...
L'Aveyron (petite partie du Massif Central) est constitué de hauts plateaux rocheux issus d'une grande variété géologique. Les rivières y taillent de profondes vallées. Côté flore, il faut savoir que celle des Grands Causses (les plateaux calcaires) est une des plus riches de France et compte de nombreuses espèces endémiques (c'est à dire qu'on ne trouve qu'ici).

Dimanche 25 octobre, 9h et des brouettes à Dourbies
Le village de Dourbies s'insère dans des paysages de moyenne montagne où se succèdent prairies, landes et versants boisés. Le châtaignier reste l'arbre emblématique de la commune. Nous avons effectivement eu la chance de ramasser quelques belles (et bonnes) châtaignes !
Nous sommes prêts à ravitailler nos quelques valeureux coureurs ; on se croirait presque dans une course officielle avec nos appareils photos, nos flasques remplies prêtes à être interverties avec celles vides et les affaires de change au besoin. Le dossard en moins n'enlève heureusement rien au plaisir pris par chacun ici ! Même les villageois sont contents de voir quelques touristes...


Du côté de nos coureurs, tout va bien, ils sont frais comme des Gardon ! Sauf qu'après Dourbies... ça grimpe ! Ils arrivent un peu plus marqués au ravitaillement suivant : Trèves. Certains mettent d'ailleurs le clignotant ici. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui on est venu seulement pour se faire plaisir, alors pas la peine de se "rentrer dedans".


Dimanche 25 octobre, 15h à Cantobre
Est-ce que vous connaissez Cantobre ? Haut perché sur son rocher, ce superbe village médiéval surplombe la Dourbie et le Trévezel. On ne peut pas l'oublier ! Le panorama ouvert sur les Grands Causses permet apparemment de voir jusqu'au Limousin. Accroché sur son éperon rocheux, sa silhouette se découpe sur le ciel, comme suspendu dans le vide. Là-haut, les ruelles sont si étroites que la voiture est bannie, et c'est tant mieux ! C'est à pied, en entrant par la porte fortifiée, qu'on apprécie toute l'atmosphère du site.

Les coureurs du Festival des Hospitaliers connaissent bien ce village. Mais pas vraiment pour les raisons évoquées précédemment. Plutôt pour son ravito qui propose... des crêpes ! Et sur une fin de course, des petites crêpes chaudes sont le meilleur des réconforts. C'est donc ce que nous proposons aussi sur notre table, nous n'allons pas ternir cette belle tradition !

Les groupes s'étirent à présent. Les corps sont fatigués et pour certains, Cantobre manquera la fin d'une belle aventure. D'autres tentent de continuer encore un peu, mais il ne faut pas oublier qu'à 21h tout le monde doit être rentré...


Dimanche 25 octobre, 16h30 à Nant
La section Cantobre-Nant marque généralement la fin du Trail des Hospitaliers avec une arrivée triomphante en plein coeur du village. Mais aujourd'hui, avec un départ à Saint Jean de Bruel, il reste pas moins de 20km... une fin de parcours difficile après les kilomètres et le dénivelé réalisés.

La nuit va tomber rapidement, et c'est vers Sauclières que je finirai par récupérer mon cher et tendre ainsi que Laure, Sébastien et Jérôme. Sans couvre-feu, il auraient fini sans aucun doute ! Mais aujourd'hui, la barrière horaire est trop juste. Et c'est qu'à 20h le repas nous attend !

Bravo à tous pour cette journée mémorable. Aujourd'hui, en plein confinement, c'est avec nostalgie que j'écris ces mots... nostalgique de ces instants partagés avec quelques autres passionnés au milieu d'une nature époustouflante. Espérons qu'on retrouve vite ces moments !

A bientôt,

Fanny

2 commentaires:

  1. Coucou Trail and Co! Merci pour ce bel article qui rend vraiment bien hommage à cette belle course, à cette magnifique région! Super le petit insert sur la légende des ermites!!
    L'avenir du trail je ne sais pas, j'aime aussi la compèt. Mais un complément, une autre forme de pratique, une excellente préparation, ça c'est sûr! Ce que j'aimerai par contre c'est que ça donne des idées aux organisateurs, pour que l'on revienne à des courses avec moins de ravitaillement, où l'autonomie et donc la préparation se trouvent renforcées. A méditer!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Entièrement d'accord avec toi sur l'autonomie en course, et je pense que la crise va en effet en faire réfléchir plus d'un ;-)

      Supprimer